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À la Découverte des Lampes de Fernand Solère

L’œuvre de Fernand Solère peut être décrite comme la quête incessante d’un homme en recherche de la perfection. Peu de lampes ont connu autant de modifications et d’innovations de la part de leur inventeur. Fernand Solère a créé ses modèles avec l’objectif de les rendre incroyablement maniables, adaptés aux besoins du travail précis.

Extrait du Brevet 1.034.488 de 1952

Les Débuts :

Fernand Solère, inventeur établi à Paris, avait pour ambition de concevoir une gamme de luminaires spécialement adaptée aux besoins des professionnels tels que les architectes et les dessinateurs. Son premier brevet portant sur l’éclairage, validé en 1952, concernait la rotule et son contrepoids.
Les premières lampes utilisaient des réflecteurs plutôt ronds, similaires aux modèles les plus célèbres de l’époque, tels que les lampes Gras ou Mazda. Cette conception des réflecteurs permettait de dissimuler la source lumineuse (l’ampoule) afin de prévenir l’éblouissement et la chaleur générée par les ampoules à filament de l’époque. Dès le départ, Fernand Solère avait l’ambition d’adapter son modèle pour divers usages, proposant ainsi des lampes à poser avec flexibilité, des versions télescopiques et des appliques. Bien que ces premiers modèles privilégiaient la fonctionnalité, l’aspect esthétique était encore en devenir.

Repères Chronologiques :

  • Bernard-Albin Gras avait déjà inventé des lampes à réflecteur rond et conique en 1921, équipant de nombreux cabinets d’architectes dès 1951.

  • Alphonse Pinoit avait créé ses premiers modèles Ki E Klair à la fin des années trente.

  • Dans le domaine de l’éclairage de bureau, la marque Jumo avait déjà conçu les gammes 200 et 600 au début des années cinquante.

  • Jean Louis Domecq (Jielde) travaillait sur le modèle Standard depuis 1949 pour le finaliser en 1952.

Le perfectionnement :

Dès 1955, les lampes connaissent une évolution significative. Les réflecteurs ronds sont remplacés par des réflecteurs en forme de calotte sphérique. Les contrepoids en forme de disques sont supprimés pour être remplacés par des contrepoids conçus pour tenir dans la paume de la main. Cette transformation, au vu du nombre de ces lampes encore présentes sur le marché, a certainement rencontré un succès commercial considérable.

Les brevets de 1957 font référence au tamiseur, conçu pour uniformiser l’éclairage sur la surface de travail et éliminer les zones d’ombre. Dans un premier temps, le tamiseur était transparent, mais un ajout en 1959 stipulait que le tamiseur pourrait être coloré. Cette modification visait à rendre la lumière des ampoules à incandescence (2700K, chaude) plus blanche pour faciliter le travail de précision. Cette lumière, une fois filtrée par le tamiseur, se transformait en une lumière de 4000K (froide). À partir de ce moment, l’éclairage offert par ces luminaires devenait unique sur le marché, alliant un design épuré à une qualité de lumière exceptionnelle pour le travail.

Comme on peut le voir dans la publicité ci-dessous, les lampes étaient appelées « Soléclair », et le tamiseur-diffuseur était connu sous le nom de « SolerSol », tout comme le nom de la société rarement mentionnée, « Metallectro ».

Remarque: Les tamiseur-diffuseurs ne sont pas compatibles sur les modèles antérieurs.

Extrait du Brevet 1.131.929 de 1955

Atteindre la Perfection :

Les deux brevets suivants datent de 1964 et apportent des améliorations aux lampes existantes. Ils concernent notamment l’amélioration de la rotule pour permettre une rotation plus fluide des lampes et une meilleure fixation du tamiseur-diffuseur pour faciliter le remplacement de l’ampoule. Ces modifications rapprochaient le diffuseur du réflecteur et apportaient une touche d’élégance à l’ensemble.

Extrait du brevet 1.175.781 de 1965.

En 1973, le réflecteur a été à nouveau modifié. Il a été coiffé d’un anneau plus esthétique, et le positionnement de l’ampoule suivait les directives du brevet de 1965. La fixation entre le réflecteur et sa tige de maintien a également été modifiée en raison d’un changement de position de l’ampoule. Cette évolution a marqué l’aboutissement de 20 années de travail. Ces lampes étaient désormais parfaites : elles étaient extrêmement pratiques, offraient un éclairage optimal pour les architectes et les dessinateurs techniques, et l’ampoule était facile à remplacer. Ces lampes avaient une identité unique, très différente de ce qui se faisait sur le marché à l’époque.

La Fin d'une Époque :

La dernière évolution majeure date de 1979, marquant le passage aux années 80. Cette décennie a été marquée par la montée en popularité du plastique, de la légèreté et des formats plus compacts. Les lampes Soléclair n’ont pas échappé à cette tendance. L’anneau sur le réflecteur a disparu, laissant place à un réflecteur lisse sans sa calotte argentée. De plus, les interrupteurs en plastique ont remplacé ceux en métal. Ces modifications ont donné naissance à des lampes résolument modernes. Les bureaux se sont progressivement équipés de tubes fluorescents de 4000K, et des lampes dotées d’ampoules fluorescentes, moins émissives de chaleur pour l’utilisateur, ont fait leur apparition. La seule évolution notable a été l’introduction de la couleur, avec des options telles que l’orange, le rouge et le doré, insufflant un vent de modernité à la gamme.

Le seul brevet relatif aux lampes décoratives date de 1978 (figure 2). Bien que ce modèle soit relativement rare, il présente un intérêt certain car il est équipé de variateurs ou d’interrupteurs doubles pour gérer l’éclairage. Ces lampes sont idéales pour les bureaux à domicile.

Le dernier brevet, en 1984, concerne une lampe de bureau équipée d’une ampoule fluorescente, conforme à la tendance de l’époque. Enfin, de 1993 à 1998, les lampes SolR ont été produites par une autre société, nommée « Contraste ». Ces modèles, reconnaissables par la mention « Solere Paris », étaient parmi les plus emblématiques des années 70. Toutefois, face à la concurrence du design italien qui inondait le marché français, ces lampes ont finalement cédé leur place.

Repères chronologiques :

  • 1968 : Disparition des lampes Gras
  • 1972 : Richard Sapper crée la lampe Tizio éditée par Artemide
  • Milieu 80′ : Jielde sort des usines qui ferment pour s’inviter à la maison avec l’élargissement des gammes de couleurs.
  • 1985 : Disparition des Lampes Jumo
  • 1987 : Michele de Lucchi dessine pour Artemide la lampe de bureau Tolomeo, succès immédiat.

Extrait du brevet de 1973 

Extrait Brevet de 1978

Quelques informations complémentaires :

Il ne semble pas exister de contrefaçons des lampes Solère, et ces lampes portent généralement des signatures distinctives, réduisant ainsi le risque d’erreur lors de l’acquisition. Certaines lampes présentaient un réflecteur intérieur peint en bleu pour produire une lumière plus blanche, mais il est difficile de dater ces modèles, probablement à la fin des années cinquante.

Fernand Solère a obtenu 37 brevets d’invention au cours de sa vie, couvrant un large éventail de produits, y compris des cendriers, des répertoires et même un moulin à café. Il convient de noter que la plupart des annonces se réfèrent au créateur sous le nom de Ferdinand Solère, une erreur courante mais largement répandue.

Cette exploration de l’évolution des lampes de Fernand Solère nous permet de plonger dans l’histoire de l’éclairage et de la conception de luminaires. Ces lampes, conçues avec soin pour répondre aux besoins des professionnels, ont laissé une empreinte indélébile dans le monde de l’éclairage et continuent d’inspirer les amateurs de design et de style rétro.

L’héritage de Fernand Solère perdure, rappelant l’importance de l’innovation et du souci du détail dans le monde de la conception d’éclairage, offrant à ceux qui les possèdent une part d’histoire et d’élégance intemporelle dans leur environnement.

Inventaire Incomplet des lampes Solere

Ceci est un inventaire incomplet et non exhaustif du travail de Fernand Solere. Nous espérons que cela vous aidera à dater vos modèles et à en découvrir d’autres !

Lampe d’administration – 1er version

  • Certainement produit entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal
  • Lampe prévue pour les machines à écrire

Lampe d’administration – 1er version sur flexible

  • Certainement produiet entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal
  • Lampe prévue pour les machines à écrire

Lampe d’administration – version intermédiaire

  • Certainement produite entre 1960 et 1973
  • Apparition du diffuseur au début des années soixante
  • Interrupteur levier en métal
  • Lampe prévue pour les machines à écrire

Lampe d’administration – dernière version

  • Produiet entre 1979 à 1993
  • Absence de la partie chrome sur le dessus
  • Interrupteur  plastique
  • Lampe prévue pour les machines à écrire

Lampe d’administration sur flexible – dernière version

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Absence de la partie chrome sur le dessus
  • Interrupteur  plastique
  • Lampe prévue pour les machines à écrire

Lampe de bureau sur fléxiblee

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Absence de la partie chrome sur le dessus
  • Interrupteur  plastique
  • Observée dans des versions précédentes

Lampe de bureau 1er version

  • Certainement produite entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal
  • Déjà observée sur un support étau
  • Sur cette photo, les finitions ne semblent pas d’origine

Lampe de bureau – version intermédiaire

  • Apparition du diffuseur au début des années soixante
  • Interrupteur levier en métal

Lampe de bureau – dernière version

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Absence de chrome sur le dessus
  • Interrupteur  plastique
  • Existe dans de nombreuses couleurs

Lampe Balancier – N°202

  • Certainement produite entre 1952 et 1955
  • Réflecteur rond
  • Contrepoids sous forme de disque assez lourd
  • Modèle assez rare

Lampe Balancier – N°202

  • Certainement produite entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal

Lampe Balancier – N°202

  • Certainement produite entre 1973 et 1979
  • Apparition de l’anneau sur le réflecteur vers 1965
  • Modèle réédité entre 1993 et 1998

Lampe de bureau

  • Certainement produit entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal

Lampe de bureau

  • Certainement produite entre 1960 et 1973
  • Apparition du diffuseur au début des années 60
  • Interrupteur levier en métal

Lampe de bureau

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Absence de la partie chrome sur le dessus
  • Interrupteur plastique

Lampadaire – N°219S – 1er version

  • Certainement produite entre 1952 et 1955
  • Réflecteur rond
  • Contrepoids sous forme de disque assez lourd
  • Modèle assez rare

Lampadaire – N°219S

  • Certainement produite entre 1973 à 1979
  • Apparition de l’anneau sur le réflecteur vers 1965
  • Modèle réédité entre 1993 et 1998

Lampadaire – N°219R

  • Certainement produite entre 1973 à 1979
  • Apparition de l’anneau sur le réflecteur vers 1965
  • Modèle réédité entre 1993 et 1998

Lampe en prise étau – N°203 1er version

  • Certainement produite entre 1952 et 1955
  • Réflecteur rond
  • Contrepoids sous forme de disque assez lourd
  • Modèle assez rare

Lampe en prise étau – N°203

  • Certainement produite entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal

Lampe en prise étau – N°203

  • Certainement produite entre 1955 et 1960
  • Interrupteur levier en métal
  • Réflecteur différent pour le positionnement de l’ampoule
  • Observée avec tamiseur

Lampe en prise étau – N°203

  • Certainement produite entre 1973 à 1979
  • Apparition de l’anneau sur le réflecteur vers 1965
  • Modèle réédité entre 1993 et 1998

Lampe en prise étau – N°203

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Absence de la partie chrome sur le dessus
  • Interrupteur plastique

Lampe en prise étau avec fléxible

  • Produite entre 1979 à 1993
  • Interrupteur plastique
  • Ampoule placée de façon verticale
  • Modèle assez rare

Lampe de bureau

  • Certainement produite entre 1973 à 1993
  • Modèle assez rare

Lampe décorative

  • Certainement produite entre 1978 à 1993
  • Modèle très rare

Lampe décorative

  • Certainement produite entre 1978 à 1993
  • Modèle très rare

Les lampes Solère sont visibles dans de nombreux films Français et internationaux comme Jurrasic Park de Steven Spielberg. 

Sources :

1 Comments

  1. Thomas

    Bravo pour ce travail tres utile pour un collectionneur comme moi, amateur du travail de nos créateurs français du 20ème siècle.

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